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Frédéric Ruyant
by Modem
© Modem

« Mes sources, c’est regarder, observer, capter. Je suis une éponge,
je capte la rue, les gens, les images, la nature... »

Quelle est votre définition des mots « design » et « héritage » ?
La notion d’héritage traverse les décennies, il s’agit de transmission : une forme dessinée à un moment donné génère une nouvelle forme dans l’oubli de la première. C’est ainsi que se créent les modes, vingt ans après nous redécouvrons souvent une histoire passée... Mais encore faut-il qu’elle soit loin dernière nous. Il faut que cela saute une génération pour pouvoir réapparaître.

De qui êtes-vous l’héritier ?
Je pense que le designer est inscrit dans son temps ; il fait partie de l’histoire de l’humanité. S’il est là aujourd’hui, c’est parce que ses ancêtres ont engrangé avant lui les formes de leurs propres ancêtres.

Quels sont ceux que vous avez marqués de votre influence ?
Nous sommes la somme de toute l’histoire des formes. Je ne me sens pas rattaché à une époque ou à une ère. Je n’ai pas un maître en particulier, je suis le fruit d’une histoire qui s’incarne dans un présent, dans une modernité, faite de six mille ans d’histoire... Les choses se génèrent souvent par rapport à une rupture. Tout n’est qu’une histoire de digestion...

Quelles sont vos références, vos sources culturelles, esthétiques et de savoir-faire ?
J’ai réfléchi sur des espaces, des sofas, des dressings, des tables et des milliers d’objets. Je crois volontiers que notre monde a envie d’holistic mystic, de muse, de sens et d’esprit. J’aime raconter d’autres histoires sans sur-signature, sans logo, sans dépendance de style.
Mes sources, c’est regarder, observer, capter. Je suis une éponge, je capte la rue, les gens, les images, la nature...
Bien sûr, nous n’échappons pas aux phénomènes ou aux modes ; il y a des courants de partage. Il n’y a pas un designer qui puisse dire qu’il est de 1980 ou de 1990. Même si on peut retrouver une esthétique commune entre les designers d’une même époque. Il y a bien sûr des différences stylistiques. Les personnalités différentes jouent, ce qui permet d’ailleurs de reconnaître de qui sont les objets.
Aujourd’hui, l’utilisation de la 3D par exemple a généré un type d’objets. Les outils informatiques, les technologies ont influencé des styles. Dans mon travail, l’outil informatique est totalement créatif ; ce n’est pas un pur outil d’exécution. Il permet d’aller au-delà de ce qu’on peut imaginer.

Quel est votre rôle en tant que designer ?
Le designer est celui qui répond a des besoins de société, à un appel d’inconscient collectif. Son rôle est de retranscrire les envies par l’objet − restons modeste ! Il est de répondre aux désirs que les gens n’arrivent pas forcément à formuler. Il est d’anticiper des attentes qui ne sont pas toujours conscientes. J’adore découvrir un objet quand il est exactement ce que j’attendais.

Propos recueillis par Cendrine de Susbielle
MODEM Design

références et liens: :
www.fredericruyant.com