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Flavie Webster
by Modem – Posted October 14 2010
© Modem

Interview with the french designer Flavie Webster from the designer-duo of the Los Angeles based brand « Cerre »

Comment êtes-vous devenu créatrice de mode?

Flavie Webster : Je suis née à Bordeaux et mon mari avec qui je fais la collection est américain originaire de Los Angeles. On s’est rencontré en faisant du mannequinat. J’ai beaucoup travaillé pour Olivier Theyskens quand il faisait encore sa propre marque ce qui m’ a donné l’occasion de voir ce qu’il me plaisait. Je travaillais surtout sur des essayages et dans le showroom et j’ai alors aussi pu observé comment marchait le business. En s’installant ensemble à Los Angeles nous nous sommes alors lancés dans notre propre collection.

Comment avez-vous construit et imposé votre marque?

F.W. : Il y a quatre ans on a commencé avec des accessoires, essentiellement pour voir comment on pouvait travailler à l’ancienne, c’est-à-dire avec des matières comme le cuir qui durent plus longtemps. Lentement, on s’est dirigé vers des vestes, et maintenant on fait des pièces pour toute la garde-robe féminine.

Pourquoi présenter à Paris ?

F.W. : Je suis Française et la mode est quand même plus intéressante à Paris qu'ailleurs. Les créateurs ici sont plus respectables, la presse est plus intéressante et sensible qu’aux Etats-Unis. Puis Paris est un passage obligé pour les acheteurs. Nous essayons de placer notre collection dans des boutiques assez précieuses et dans des magazines de qualité pour établir cette image plus sophistiquée.

Pourquoi votre collection, fabriquée en Californie, est essentiellement en noir et en taupe, avec un mélange de matières ?

F.W. : Le noir n’est pas vraiment la couleur qu’on associe avec Los Angeles et la mentalité californienne mais c’est du classique. L’idée était de faire quelque chose de durable qu’on puisse porter pendant plusieurs saisons. On y trouve des matières nobles, un mélange d’agneau, de lin et de soie. Mon mari et moi, nous avons un penchant pour les choses sombres…ce n’est pas par hasard que le logo de notre marque représente une éclipse solaire! Et nous avons baptisé cette collection « Les échos du soleil » parce que nous nous sommes amusés à jouer avec les ombres et les transparences…

En formant un couple et un duo créatif, comment partagez-vous le travail?

F.W. : C’est compliqué! Disons que mon mari est bon au niveau du concept et des finitions, j’aime m’imaginer à quoi la femme Cerre devrait ressembler et comment les vêtements s’articulent autour du corps. Depuis mon passage chez Olivier Theyskens je me concentre sur le travail de la coupe. Parfois nos vêtements ne ressemblent pas à grande chose sur le cintre mais quand on le met on voit toute la différence, le travail sur les volumes et la fluidité. Mon but ultime – et ce n’est pas follement original, je suppose ! – est de rendre la femme plus libre qu’elle ne l’était.

A quel style de femme pensez-vous en dessinant la collection ? A vous-même d’abord ?

F.W. : Non, pas particulièrement. Je pense à une femme indépendante, un peu masculine…

D’où vient le nom de votre marque ?

F.W. : C’est un hommage à ma grande mère, Madame Cerre, une couturière. Je l’ai vu coudre et elle a dû me transmettre le goût pour les tissus et la couture. Mais à l’époque je n’ai rien appris avec elle car je ne pensais pas encore de faire ce métier-là.

Vos projets ?

F.W. : Faire connaître notre ligne un peu partout et la placer dans les boutiques appropriées surtout en Europe. Notre position est un peu compliquée. Les Américains sont très ouverts pour donner la chance aux jeunes créateurs, probablement plus qu’ici. Nous créons et nous fabriquons aux Etats-Unis mais on aime la sensibilité européenne. Du coup, on est un peu tiraillé entre les deux mondes.


Marcus Rothe pour modemonline.com

Photo : Marcus Rothe

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