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BELGIUM / Hornu: Ron Gilad : Home Sweet House
by Modem
© Modem

until Friday October 31 2014

Grand Hornu Images
Rue Sainte-Louise 82
Hornu
Belgium

www.grand-hornu-images.be

La Keitelman Gallery présente pour la première fois au public belge le travail de l'artiste israélien Ron Gilad, qui est déjà représenté dans de grandes collections de par le monde, dont celles du MOMA, de l'Art & Design Museum, et du Metropolitan de New York, de l'Art Institute de Chicago, et du Musée d'Art Moderne de la ville de Paris.

Né en 1972 à Tel Aviv et résidant aujourd'hui tantôt dans sa ville natale, tantôt dans la ville italienne de Milan, Ron Gilad est l'auteur d'une oeuvre très originale qui ne va pas sans faire écho au surréalisme belge. Riche d'un solide bagage dans le monde du design (il est le lauréat du Design Award 2013 du Wallpaper* Magazine) Ron Gilad développe une variété de sculptures qui jouent avec beaucoup de finesse et d'humour des codes du minimalisme entendu dans son sens historique (le mouvement de l'histoire de l'art des années soixante donnant la primauté à la forme brute et à son rapport immédiat au spectateur) que dans le sens plus général d'une esthétique devenue trans-historique, qui anime aujourd'hui régulièrement l'urbanisme, l'architecture, le design d'objet et d'environnement. Une esthétique qui s'est révélée d'autant plus omniprésente qu'elle ne s'est trouvée indirectement promue par l'usage des logiciels de dessin par ordinateur s'étant progressivement imposés dans la plupart des bureaux.

De ce panorama de l'art minimal et de ses développements " extra-artistiques ", Ron Gilad a tiré une oeuvre qui se plaît à contester avec humour les acquis des deux camps: le camp de l'art et le camp du " non-art ", pour reprendre l'expression de Marcel Duchamp qui, déjà à l'époque, aimait élever au rang des beaux-arts porte-bouteilles et autres roues de bicyclettes.

Ron Gilad réalise de la sorte des sculptures aux formes très épurées et graphiques qui sont exécutées dans des matières nobles et pérennes qui furent et qui demeurent celles de la " grande sculpture " : marbre, métal, verre. Mais là où ses aïeux grecs ou romains représentaient des figures mythiques ou des allégories, et là où ses prédécesseurs minimalistes des années soixante étaient dans une réflexion plus phénoménologique, Ron Gilad fait littéralement descendre de telles figures et thèmes de leur socle pour mieux les faire virevolter dans l'espace circonstanciel de l'exposition, pour mieux les faire interagir avec le spectateur, pour mieux jouer avec eux au chat et à la souris.

Ainsi, les carrés d'un Carl André semblent brusquement prendre la clef des champs et se dispersent en désordre dans l'espace d'exposition. La ligne d'horizon d'une ville devient subrepticement instrument prosaïque de dessin, dans l'ombre qu'elle projette au hasard d'une journée ensoleillée. Un nuage de fumée couronnant une maison sort au figuré d'un tableau de Magritte où il ne demandait rien à personne pour bondir sur le sol et se convertir en une sculpture de pierre sibylline. Ou encore : le plan de votre nouvelle maison, pas même encore sortie de terre, aboutit dans l'espace d'exposition sous les traits mimétiques, plus vrais que nature, d'une sculpture de Sol Lewitt. Par delà cet humour et cette approche pleine de fraîcheur, un autre trait remarquable du travail de Ron Gilad est de parvenir à créer un univers situé quelque part hors du temps : une sorte de domaine des dieux, de monde des idées platoniciennes où la mort (thème qui marque tant l'art israélien en général) ne semble pas avoir cours, au contraire de l'imagination.

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