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Françoise Foulon
by Modem – Posted April 09 2010
© Modem

Ancienne usine de charbonnage du XIXème siècle, le Grand-Hornu (Province d’Hainaut) est un site unique en Europe. Il fait partie du patrimoine majeur de Wallonie, soutenu par la région et fête en 2010 son bicentenaire.

Le Grand Hornu abrite deux institutions culturelles majeures le Grand-Hornu images et le Mac’s.

Rencontre avec Françoise Foulon directrice du Grand-Hornu Images depuis 1984 à l’occasion de l’exposition « Le Bonheur est dans le design » (centre Wallonie-Bruxelles à Paris) et de la célébration des vingt-cinq ans du Grand Hornu Images.

Comment le Grand-Hornu Images est-il né ?

Françoise Foulon : « En 1985, la Province a pour objectif d’acheter le site du Grand-Hornu à son propriétaire d’alors, un architecte qui l’avait acquis dès 1971 et l’a sauvé de la ruine. C’est un site de six hectares. On m’en confie la direction afin d’en tester la potentialité. De 1985 à 1989, j’organise des manifestations culturelles et touristiques. En 1989 c’est le rachat du site à son propriétaire avec l’aide de La Fondation Roi Baudoin et de la Loterie Nationale. C’était un gros budget 125 millions de francs belges à l’époque dont 25 millions venaient de la Loterie nationale. Le site abrite alors des expositions permanentes, un musée historique racontant l’histoire de ce lieu ancré dans la vie économique, sociale et culturelle de la région depuis le XIXème siècle. »

A partir de quand le site est-il dédié au design?

F.F. : « En 1989, nous organisons avec le CIRVA et la cristallerie du Val Saint-Lambert, une exposition de trente vases qui remporte un vif succès. Nous décidons alors de ne plus être généralistes. Le design rencontre de l’art et de l’industrie trouve un écrin exceptionnel au Grand-Hornu. Le ministère de la communauté française, décide d’installer le musée d’art contemporain (le Mac’s) au Grand-Hornu. Ce voisinage nous fait repenser à la programmation, de façon à être complémentaire. Voilà deux entités sur un site d’exception, qui collaborent parfaitement. Ce lieu exceptionnel est tout à fait unique et emblématique et accueille des publics très différents, certains pour le patrimoine architectural industriel ; D’autres pour le design ou pour l’art contemporain. Le ticket d’entrée unique permet au visiteur de faire le tour et de démultiplier ses découvertes.

Quelle est votre politique d’accueil des publics ?

FF : « Il y a le statut de voisin, pour les habitants de la cité ouvrière du Grand-Hornu, ils ont la gratuité pour les manifestations. Nous conduisons aussi une politique de vernissages ouverts aux publics. Sans compter les actions en faveur des publics défavorisés : le ticket à 1, 25euros, ou la gratuité de visites guidées chaque jour… Le Grand-Hornu est aussi un lieu vivant qui dispose d’un centre de documentation, d’une librairie, d’une cafétéria, d’un restaurant. Nous sommes passés de 2.000 visiteurs par an en 1989 à 75.000 aujourd’hui. »

Combien d’expositions organisez-vous par an ?

F.F : « Six en tout. Dans les grands espaces pour les grandes expositions et dans l’aile nord avec des cartes blanches à de jeunes designers. Actuellement nous présentons « Le fabuleux Destin du quotidien » et deux jeunes designers : Nicolas Bovesse et Marina Bautier. »

Vous célébrez vos vingt-cinq ans avec l’exposition « Le Bonheur est dans le Design » au Centre Wallonie-Bruxelles (Paris) qui présente une partie de votre collection. Quelle est votre politique d’acquisition ?

F.F: « Il y a trois types d’acquisition. Des designers nous offrent parfois des pièces, ce sont de pures actes de générosité. Nous en produisons également. La troisième démarche plus classique est celle de l’acquisition. Nous disposons d'un budget de 20.000 euros par an. Chaque pièce de la collection a une histoire avec le Grand-Hornu. Elles ont toujours un lien avec des expositions que nous organisons. Nous achetons des pièces industrielles mais je tiens à pouvoir acquérir également des pièces historiques ou des pièces d’exception comme cette fresque murale historique de Garouste et Bonetti ou des pièces limitées comme cette lampe de Pierre Charpin éditée par la galerie Kreo. »

Y a t-il un comité de sélection ?

F.F : « Jusqu’à présent je sélectionnais les pièces de façon pragmatique et empirique. Mais j’ai en effet demandé que l’on constitue une commission d’acquisition à partir de cette année. C’était une une grande responsabilité et cela pouvait être vu de façon arbitraire. »

Prêtez-vous des pièces à d’autres institutions ?

F.F: « Oui bien entendu, nous sommes tellement heureux quand on nous en prête. »

C’est la première fois que le Grand-Hornu s’exporte hors ses murs ?

F.F : « Oui. Cette exposition présente 1/3 de la collection globale. La plupart des pièces que l’on découvre dans cette exposition vivent avec nous au Grand-Hornu, c’est à dire qu’elles sont utilisées au quotidien. »

Cela veut-il dire que vous allez initier une politique d’expositions itinérantes ?

F.F. : « Si nous sommes sollicités, pourquoi pas ? Nous ne le faisons pas spontanément parce que c’est beaucoup de travail, et nous avons déjà beaucoup à faire. Comme cette collection s’est constituée très lentement et de façon empirique, cela n’a pas été une priorité. »

Revevez-vous des résidences de designers ?

F.F. : « A l’occasion d’expositions précises, nous avons organisé des workshop avec des designers : Big Game ou Charles Kaisin. Cela a donné lieu à des rencontres avec le public. »

Passez-vous des commandes in situ ?

F.F. : « Nous avons un projet de la sorte avec Sam Baron, le directeur artistique de Fabrica. Il a l’intention de venir avec les 40 résidents de Fabrica*, au Grand-Hornu pour concevoir une collection collective. Nous devrions la produire pour et sur le site. Nous avons ici une équipe technique exceptionnelle qui travaille sur les scénographies, un atelier et du matériel en commun avec le Mac’s. Cet atelier regroupe un savoir-faire formidable, notamment en menuiserie. C’est un super projet. Pour la première fois le Grand-Hornu Images labelliserait une collection et pourrait en effet, s’exporter hors les murs… »

Quelles sont vos institutions privilégiées partenaires?

F.F : « Avec le Festival Design Parade nous avons co-produit l’exposition cpnsacrée à Pierre Paulin. J’ai repris des expositions qu’ils avaient organisé comme celle consacrée à La Manufacture de Sèvres. Mais ce type de partenariat reste marginal. »

Et dans l’avenir ?

F.F. : Nous présenterons l’exposition In Progress – le Design face au progrès à partir du 9 mai avec entre autre des travaux de Big Game, Sébastian Bergne, Matali Crasset, Delo Lindo, Étienne Mineur, Ana Mir & Emili Padros, Normal Studio, Satyendra Pakhalé et Studio Wieki Somers

* résidences artistiques soutenues par le groupe Benetton

Crédits Photos: Françoise Foulon Directeur du Grand Hornu Images, Lampe Davy Grosemans Son of Eddy, Chaise Maarten Baas Smoke

Le Grand Hornu Images

Propos recueillis par Cendrine de Susbielle ©modemonline

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