Alors que la démocratisation de la culture est un sujet tant politique que sociétal, le Centre Pompidou lance le projet d'un musée nomade pour donner à partager l'expérience des œuvres contemporaines à la majorité des français. Une initiative louable mais risquée.

Un "Monument Momentané"

Prévu pour un lancement en octobre 2010, ce musée nomade sera un centre mobile sur 1000 m2 qui amènera une sélection d'oeuvres au contact de populations et de territoires nouveaux. Réel objet architectural itinérant, il sera réalisé par Patrick Bouchain, et jouera la carte de la haute qualité environnementale et de l'économie de moyens.
Le projet dans sa globalité sera dirigé par Catherine Sentis-Maillac, actuelle directrice de la production du Centre Pompidou.

Le Centre Pompidou et la décentralisation culturelle

Le Centre Pompidou n'en est pas à son premier projet "hors les murs" puisque la ville de Metz accueillera à partir du 12 mai prochain une antenne décentralisée du centre, le Centre Pompidou-Metz, première expérience de décentralisation d’un établissement public culturel.
Pour ce nouveau projet, la décentralisation est encore plus forte puisque c'est le bâtiment lui même qui sera nomade. Démontable et transportable, il s'apparentera à un cirque itinérant dans sa réalisation. Construction éphémère dans la ville, comme celle d'une fête foraine, le musée mobile se voudra ainsi populaire, événementiel et ouvert à tous, même aux non-initiés.

Un pari culturel et pédagogique

Pour que le projet soit mené à bien et qu'il remplisse sa mission de décentralisation culturelle, le Centre Pompidou entend tisser des partenariats avec les acteurs locaux. Des collaborations avec des collectivités et entreprises privées locales et des institutions culturelles décentralisées seront ainsi mises en place. Beaubourg sortira ainsi de son microcosme parisien pour investir des territoires enclavés et des quartiers défavorisés de la périphérie de grandes agglomérations.
Pédagogique et accessible à tous, ce nouveau centre mobile accueillera prioritairement les publics scolaires et sera ouvert à tous gratuitement le week-wend.


Le Centre Pompidou semble ainsi se saisir une fois de plus de sa responsabilité de centre d'art contemporain mondial majeur. Conservant l'une des deux plus importantes collections d'art moderne et contemporain du monde (après le MoMA à New York), il va faire partager un peu de ce patrimoine à des populations souvent perçues comme peu enclines à la culture artistique contemporaine. Une initiative plus que louable, mais qui ne pourra fonctionner que par une réelle stratégie de séduction auprès de ces nouveaux publics.

David Choel ©modemonline