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Thibaud Etcheberry
by Modem – Posted July 01 2010
© Modem

Le jeune créateur français Thibaud Etcheberry ouvre le bal de la semaine de mode masculine à Paris. Né au bord de l’Atlantique, à Saint Jean de Luz, il est d’abord attiré par la peinture et l’architecture d’intérieur puis se tourne vers la mode pour exprimer sa créativité. En 2008, il assiste Santa Bevacqua, styliste photo, en 2009 il passe chez Gaspard Yurkievich et chez Jennie Ko chez Yigal Azrouel à New York pour travailler sur l’homme. Aujourd’hui à 22 ans, il lance sa première collection « Out Of The World ». Nous l’avons rencontré backstage à l’issue de son défilé au Cloître des Billettes dans le Marais.

Comment se fait-il qu’un jeune homme de 22 ans ouvre la semaine de mode masculine avec sa toute première collection ?

Thibaud Etcheberry : Je ne m’y attendais pas car je ne pensais pas qu’on m’acceptait aussi jeune. C’est à la fois surprenant et excitant. J’espère que cette place sera un bon tremplin pour la suite.

Comment êtes-vous arrivé à la mode ?

T.E. : J’ai toujours eu des envies partagées entre la mode et l’architecture intérieure. Comme je faisais beaucoup de dessins et de la peinture je me suis rendu compte que l’architecture intérieure était plus formelle et formatée. Alors je me suis tourné vers la mode que je trouve plus créative. J’y trouve plus de liberté. Ce choix pour la mode a été conforté par mon passage chez Gaspard Yurkievich et encore plus par mon temps avec Jennie Ko chez Yigal Azrouel à New York.

Qu’avez-vous appris avec les autres stylistes avant de vous lancer dans l’aventure d’une collection en votre nom ?

T.E. : Chez Yigal j’ai appris à être plus détendu, zen. Il y a UN temps pour tout, le stress n’est pas nécessaire à la création – par contre il faut être très organisé ! Gaspard Yurkievich m’a appris une bonne dose de technicité, un certain goût de la liberté créative et un esprit indépendant.

Que sont vos influences dans la mode ?

T.E. : J’ai toujours admiré le travail de Kris van Assche, son jeu des matières et des coupes, sa sensibilité mais aussi Rick Owens

Est-ce pour cette raison qu’on assiste dans votre première collection à un mariage entre le style de Kris van Assche et de Rick Owens - ce qui donne une silhouette d’homme à la fois fragile et virile ?

T.E. : Oui, d’un côté je travaille la transparence, la fragilité et d'un autre le cuir noir. J’ai dessiné un homme à la fois fort et fragile qui arrive dans un nouveau monde, qui avance dans l’inconnu. Il n’est pas en phase avec cet univers mais il s’impose au fur et à mesure que les couches de ses vêtements s’enlèvent. Ainsi mon défilé commence par une silhouette très chargée jusqu’à la dernière avec beaucoup de transparence, tout en fil. Je garde des matières assez nobles, brutes, comme le cuir.

<sld(etche)|right>Pourquoi votre première collection est dédiée à vos grands-pères?

T.E. : A travers le logo de ma marque je rends effectivement un hommage à mes deux grands-pères. J’avais ressenti ce besoin. Alors j’ai inventé un petit code en carré noir assez mystérieux mais qui définit très bien leur vie à chacun. Mais je ne dis pas plus sur eux, leur métier et leur influence sur moi car je voudrais que mon logo reste énigmatique.

Le choix du défilé, la cour intérieure du Cloître des Billettes dans le Marais, a-t-il une résonance avec vos idées ?

T.E. : Oui, j’aime ce lieu car il reflète pour cette collection une ambiance mystérieuse, voire mystique.

Dans cette collection « Out Of The World » vous montrez beaucoup de transparence, de découpes, des t-shirt réduits à leurs couture. Aimez-vous déconstruire le vêtement masculin ?

T.E. : J’ai construit cette collection autour de l’idée de la confiance de cet homme-là. Moins il y a des chose, plus ça le rend confiant. Il s’assume et finit par comprendre notre monde dans lequel il est arrivé. Il s’est habitué à ce qu’il voit, à ce qu’il vit. Les vêtements traduisent cette évolution-là.

A part votre choix esthétique personnel, voyez-vous la vision de l’homme évoluer en ce moment ?

T.E. : Je ne sais pas. J’observe la société des hommes, avec leurs histoires, leur vulnérabilité et leur sensibilité. Ce qui donne une silhouette à la fois virile et fragile.

Marcus Rothe ©modemonline

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