Combinant la patte graphique d’Ich&Kar pour ses communications, une scénographie efficace, une production hyper soignée, la démarche des galeristes Loic et Laurence Bigot est toujours pleine de sens. Jusqu’au choix du jaune vif utilisé pour les tables et supports d’exposition, rappelant la fluorescence des ampoules à économie d’énergie. Ampoules qui sont le point de départ de la réflexion du designer David Enon autour d’une production de luminaires pensés et dessinés en réaction à la contrainte d’une nouvelle norme. Celle de l’arrivée massive de l’ampoule fluorescente basse consommation qui sonne le glas des ampoules à incandescence vouées à disparaître sur le marché européen à partir de septembre 2012.

David Enon revisite des luminaires célèbres tels la Potence de Jean Prouvé, Frisbi ou Luminator d’Achille Castiglioni et des standards comme la suspension industrielle en tube ou l’applique murale porte bougie. Il crée aussi ses propres modèles. Les lampes, faites de tubes d’acier laqués blancs se prolongent par l’ampoule fluo, en seul trait, un seul geste. Economie esthétique, cette relecture de formes épurées renoue avec la simplicité radicale et poétique des maîtres cités.

Designer indépendant et enseignant, coordinateur de l'option design d'espace à l’école supérieure des beaux-arts d’Angers, 
diplômé de l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle de Paris (Ensci/Les Ateliers) - en 1999 , David Enon vit et travaille à Paris. Nous l'avons rencontré.

Comment vous avez-vous rencontré Loic Bigot de Tools Galerie ?

David Enon : "Nous avons été mis en contact par Catherine Geel (commissaire d’exposition du Festival Design Parade à la Villa Noailles à Hyères). J’avais soumis ce projet à la Villa Noailles, il n’a pas été retenu mais il a suscité cette rencontre."

Loic Bigot : "Avec l’exposition collective « Jeunes Pousses », nous avions déjà initié la découverte de jeunes designers à travers la présentation d’une sélection de projets à la galerie. Ici présenter à l’occasion de Designer’s Days un designer autour d’une thématique : 10 lampes et d’une production faite d’un seul procédé, d’une seule matière, nous a séduit."

Quel est le point de départ de votre réflexion ?

D.E. : "Il m’est arrivé de faire des projets personnels comme une table et des chaises car la seule chose que j’avais envie de m’acheter c’était une table et des chaises de Jean Prouvé. Mais comme je n’en avais pas les moyens, j’ai décidé de me les « fabriquer ». D’une certaine façon, j’ai revisité à ce moment-là le mobilier de Prouvé. A-t-on besoin de faire de nouvelles formes quand il existe déjà des choses très bien ? Je ne suis pas dans cette logique, mais plutôt dans celle de la nécessité. Je ne dessine que si c’est nécessaire. Dessiner n’est pas forcément inventer. Mais il faut qu’il y ait une contrainte."

Quelle était la contrainte ?

D.E. : "Dans ce cas présent c’était l’ampoule, le tube fluorescent qui tend à remplacer aujourd’hui l’ampoule à incandescence. Partir de l‘ampoule c’est finalement revisiter toute l’histoire du luminaire. J’ai donc acheté le livre « 1000 lights »( Taschen) et je me suis mis à toutes les redessiner ! La question était : qu’est-ce qu’on va bien pouvoir mettre comme ampoule sur Luminator de Achille Castiglioni ? L’ampoule fluo est plutôt vilaine, on la déteste , je l’ai donc intégré dans le dessin. Elle a maintenant une cohérence plastique. La contrainte de base a apporté une évidence plastique."

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