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Leonie Hostettler & Marius Borgeaud
by Modem – Posted October 18 2010
© Modem

Léonie Hostettler et Marius Borgeaud, jeune duo de designers prometteurs de Genève, anciens collaborateurs d’Olivier Theyskens chez Nina Ricci, lancent leur première collection Mal-Aimée avec l’envie de « ganser le corps dans une structure qui le souligne ». Rencontre dans les salons du Crillon.

Vous avez présenté votre première collection dans des salons de l’Hotel Crillon à Paris. Quelle place occupe Paris dans votre création?

Marius Borgeaud: C’est une évidence ! C’est là où on voulait présenter la collection et non pas ailleurs.
Léonie Hostettler: Nous travaillons à Paris depuis pas mal de temps, en fait.

Quel est votre parcours ?

M.B. : On est tous les deux de Genève et nous nous sommes connus dans les ateliers de la Haute Ecole d’Art et de Design de Genève. Ensuite, nous sommes arrivées à Paris par choix parce qu’on voulait travailler dans la mode parisienne. J’ai été engagé chez Nina Ricci aux côtés d’Olivier Theyskens et Léonie m’a rejoint une année après.

Travailliez-vous déjà en tandem créatif à l’époque ?

L.H.: Non, à l’école, on n’était pas spécialement amis, on ne se parlait pas du tout même…
M.B.: … mais on est devenus amis chez Nina Ricci en travaillant ensemble. A partir de cette expérience dans une grande maison parisienne on a vraiment pris goût à la mode. Surtout, on a découvert le plaisir de travailler ensemble. Ainsi est né le désir de créer notre propre collection.

Avez-vous de goûts différents qui se complètent en créant une collection?

M.B.: Nous n’avons pas du tout les mêmes références. A l’école de Design j’étais très pop, années 80 et coloré…
L.H.: …moi j’étais plus sobre, intelligente dans la structure. On a remarqué très vite qu’on aimait les épaules carrées.
M.B.: On cherche une silhouette très "carrurée" et structurée mais chacun puise dans des influences très différentes.

Pourquoi avez-vous articulé votre première collection autour d’une pièce centrale, un body, qui ressemble à un corsage d’époque?

M.B.: Notre inspiration de départ était le film américain « Transformers » de Michael Bay. Du coup, on a évidemment imaginé des carapaces, des jumpsuits et des combinaisons avec des pièces plus en volume.
L.H.: On cherchait une silhouette structurée. D’où est venu ce look avec la taille haute, des leggings, et par-dessus une sorte de carapace très visuelle.
M.B.: L’idée de cette collection était de gainer le corps pour en faire ressortir les lignes de forces,et de trouver une silhouette architecturée sur laquelle vient dégouliner quelque chose de plus flou, comme des pièces en mousseline par exemple. Oui, ç’était ça: ganser le corps dans une structure qui le souligne.

Vous avez-vous imaginé la femme qui porterait vos créations ?

M.B.: On n’a jamais eu, ni l’un ni l’autre, l’image d’une femme en tête.
L.H.: Mais maintenant, une fois la collection achevée, on la voit mieux : C’est une femme de caractère, féminine mais avec une part androgyne…
M.B.: …oui , c’est très important !
L.H.: Elle aime les belles lignes, les matières nobles…

Pourquoi cette femme est-elle « mal-aimée »?

L.H.: Ce n’est pas la fille que tu vas aimer au premier abord. Elle est un peu dérangeante…
M.B.: …avec une timidité qu’elle va masquer derrière un caractère très fort, bref, une femme difficile d’accès.

Une femme qui cherche à se donner une carrure, qui ne veut pas flotter dans des nuages de mousseline comme chez Nina Ricci?

M.B.: C’est clair, on voulait aller aux antipodes du style qu’on connaissait depuis notre passage chez Nina Ricci, même si on trouve ici et là encore quelques petites touches et réminiscences.

A quel point est-il difficile pour des jeunes créateurs comme vous de lancer votre ligne après la crise ?

L.H.: On ne s’est pas posé trop de questions par rapport au contexte économique. Nous avions une envie et un but. On se fiche un peu de la conjoncture ! C’est là et maintenant. Le noyau est posé.

Que sont vos attentes et vos projets?

M.B.: Nous sommes une minuscule structure indépendante. Nous deux, un façonnier et des couturières externes. Nous nous finançons par la famille et les sponsors mais on ne dépend d’aucun grand groupe. Nous savons très bien que notre collection est à la fois pointue et très haute gamme. On n’a pas voulu faire des concessions sur les matières et des coupes. On voulait aller au bout de ça pour notre première collection.

L.H.: Et même si elle n’explose pas le record des ventes nous sommes très heureux. Car peut-être ce moment de liberté dans la création ne reviendra plus et ensuite nous ferons des collections qui seront amenés à être plus commerciales. On a compris les règles du marché mais on n’a pas eu envie édulcorer notre travail tout de suite…

M.B.: …ce qui ne nous empêchera pas de tendre vers des collections plus accessibles par la suite.

Marcus Rothe pour modemonline.com

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